La paix en soi, la paix en marche by Thich Nhat Hanh

La paix en soi, la paix en marche by Thich Nhat Hanh

Auteur:Thich Nhat Hanh [HANH, THICH NHAT]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Développement personnel
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2006-10-02T04:00:00+00:00


Les boat people

C’est en 1978, à Singapour, lors d’une conférence sur la religion et la paix à laquelle je participais, que j’ai découvert la situation et la souffrance des réfugiés. Des boat people mouraient dans l’océan et Singapour avait une politique très dure à leur égard. Chaque fois qu’une embarcation pleine de réfugiés essayait d’accoster, ils les renvoyaient mourir en mer. Ils ne voulaient pas les aider. Les pêcheurs qui avaient de la compassion et sauvaient des boat people de la noyade étaient punis ; ils devaient payer une très lourde amende, ce qui était censé les dissuader de recommencer.

Je suis resté à Singapour afin d’organiser une opération de sauvetage en secret, parce que je savais que le gouvernement de Singapour ne me laisserait pas faire. D’autres personnes sont venues m’aider – des amis de France, des Pays-Bas et d’autres pays d’Europe. Nous avons loué un bateau et emporté des médicaments, de l’eau et des vivres en mer pour essayer de sauver des gens.

En Malaisie, la police rejetait aussi les boat people. Ils préféraient les laisser mourir en mer plutôt que de les aider à accoster et de les mettre en prison. Des amis qui s’étaient rendus sur les côtes de Malaisie ont assisté à des événements tragiques. Lors d’un incident, deux embarcations pleines de réfugiés ont tenté d’accoster et la police les a forcés à retourner en mer. C’est alors qu’une des embarcations qui n’était plus assez solide pour naviguer a chaviré. Tous les occupants de l’autre bateau ont vu les gens se noyer, aucun n’ayant pu gagner la rive à la nage. Les gens de l’autre bateau réussirent néanmoins à accoster et ils détruisirent leur embarcation pour qu’on ne puisse plus les forcer à retourner en mer. La police les mit en prison où ils attendirent qu’on leur trouve un nouveau bateau pour reprendre la mer. C’était la politique de l’époque.

Immédiatement, nos amis ont alerté la presse, persuadés que les journalistes étaient les seules personnes à pouvoir sauver les boat people. Si des journalistes apprenaient que des réfugiés étaient détenus, ils feraient des photos qu’ils publieraient dans la presse. Et le gouvernement de Malaisie n’oserait plus renvoyer les boat people en mer. C’était une façon de les sauver – une fois en prison, ils étaient en sécurité. Le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) avait un bureau en Malaisie. Nous les avons invités à venir constater la situation et à noter le nom des réfugiés. Un grand nombre de ces réfugiés ont dû rester en Malaisie pendant des années sans pouvoir s’installer dans un autre pays, parce que le HCR n’a pas bien fait son travail. Nous avons découvert que de nombreux réfugiés étaient restés pendant des années sur plusieurs îles, sans aucun espoir de pouvoir s’établir quelque part.

A Singapour, nous avons dû faire des choses illégales. Nous sommes allés dans les maisons des pêcheurs pour leur dire : « Chaque fois que vous sauvez un boat people, appelez-nous. Nous viendrons le chercher et vous ne serez pas punis.



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